Préparer un entretien préalable en cas de licenciement
L'entretien préalable est une étape obligatoire avant tout licenciement économique. Découvrez nos conseils pour négocier au mieux vos conditions de départ.
Votre entreprise est en train de mettre en place un plan social, et vous vous demandez si vous êtes sur la sellette ? Sachez que pour garantir une sélection juste et non-discriminatoire des salariés sur le départ, votre employeur est obligé de suivre des règles strictes : les critères d’ordre de licenciement économique.
Dans cet article, vous découvrirez comment ces critères sont définis, qui décide de leur mise en œuvre, et qui s’assure de leur respect pour protéger vos droits. Bonne lecture !
Les critères d'ordre de licenciement économique sont des règles établies pour déterminer quels salariés partent en premier lors d’un plan social (désormais appelé plan de sauvegarde de l’emploi).
Ces critères, comparables à un « guide de tri », visent à éviter les choix arbitraires et à protéger les droits des salariés en assurant une sélection juste, équitable et non-discriminatoire.
La loi, et plus particulièrement l’article L1233-5 du Code du travail, impose aux entreprises de considérer au moins quatre critères d’ordre en cas de licenciement économique :
Notez néanmoins que cette liste est non-exhaustive. Des critères supplémentaires peuvent ainsi être prévus par votre convention collective, votre employeur, ou négociés par vos représentants du personnel. La seule limite, c’est que les critères retenus ne peuvent être discriminatoires.
Enfin, si votre employeur a l’obligation de tenir compte de l’ensemble de ces critères légaux, il peut décider d’accorder plus ou moins d’importance à l’un ou l’autre d’entre eux.
Les critères d’ordre de licenciement ont été mis en place pour éviter les abus et pour garantir que votre employeur choisisse les salariés licenciés de manière équitable et transparente. Sans ces règles, un employeur pourrait choisir librement qui licencier, ouvrant la porte à des décisions arbitraires ou discriminatoires.
Pour comprendre leur importance, imaginez que ces critères n’existent pas. Votre entreprise met en place un plan social, et elle établit la liste des salariés licenciés sans faire preuve de transparence. Si vous êtes concerné, vous ne pourrez vous empêcher de vous demander si vous avez été lésé, si vous avez réellement été licencié pour un motif économique et non pour un autre motif potentiellement discriminatoire.
Ces critères assurent une transparence et vous offrent une protection légale face aux injustices. Ils permettent de protéger les salariés les plus vulnérables, et aident votre employeur à gérer cette situation difficile de manière plus structurée.
En plus d’appliquer ces critères d’ordre de manière équitable, votre employeur doit également tenir compte de deux éléments pour les mettre en œuvre :
Dans les 10 jours qui suivent votre départ de l’entreprise, vous pourrez demander à votre employeur quels sont les critères qui ont été retenus pour établir la liste des départs liés à votre procédure de licenciement économique. Vous pourrez faire votre demande soit :
Après la réception de votre demande, votre employeur aura ensuite 10 jours pour vous répondre. Là aussi, il pourra le faire en vous envoyant un recommandé avec accusé de réception, ou en vous faisant signer une décharge s’il choisit de vous transmettre cette liste en main propre.
Vous l’aurez compris, la preuve écrite est ici nécessaire ; elle vous sera par ailleurs utile si vous choisissez ensuite d’aller au Conseil de Prud’homme, notamment parce que votre employeur a refusé de vous communiquer les critères appliqués.
Notez néanmoins une chose : par souci de confidentialité et pour protéger les données personnelles, votre employeur ne pourra que vous transmettre les critères appliqués de manière générale. Il ne pourra pas justifier individuellement pourquoi certains salariés restent dans l’entreprise tandis que d’autres sont licenciés. Cependant, ces informations générales suffisent souvent pour vérifier que les règles ont été appliquées équitablement. Si vous suspectez une irrégularité, vous pouvez faire appel au CSE ou au Conseil de Prud’hommes.
Pour éviter tout favoritisme ou toute discrimination, l’article L1233-5 du Code du travail définit donc quatre critères d’ordre dont votre employeur est obligé de tenir compte lors d’un licenciement économique :
Les charges de famille prennent en compte votre situation personnelle et familiale. Par exemple, si vous êtes parent isolé ou que vous avez plusieurs enfants à charge, vous aurez généralement la priorité pour conserver votre emploi.
Ce critère vise à protéger les salariés dont la perte d'emploi pourrait avoir des conséquences financières majeures sur leur foyer.
Ce critère s’intéresse à votre capacité à retrouver un emploi après votre licenciement. Certaines conditions peuvent en effet rendre votre réinsertion plus complexe, ce qui pourrait vous permettre de bénéficier d’une protection renforcée en cas de plan social. Cela peut être le cas si vous êtes proche de l’âge de la retraite, si vous avez un handicap, ou si vous possédez des compétences spécifiques mais peu demandées sur le marché de l’emploi.
L’ancienneté est un critère clé : plus vous avez d’années de service dans votre entreprise, plus vous avez de chances d’être maintenu à votre poste ou de vous voir proposer un reclassement.
Ce critère valorise l'expérience accumulée et la fidélité d’un employé à son organisation. Mais en fonction du contexte, votre employeur peut juger plus pertinent d’accorder plus d’importance à d’autres critères, comme notamment vos qualités professionnelles.
Les qualités professionnelles sont la rencontre entre les besoins de votre entreprise et vos compétences. Pour déterminer quelles sont vos qualités, votre employeur peut ainsi tenir compte de vos performances, de votre polyvalence, ou encore de votre maîtrise d’outils spécifiques.
En tenant compte de ce critère pour établir le plan des licenciements économiques, une entreprise s’assure ainsi de conserver les salariés dont les compétences sont essentielles à sa survie.
Notez enfin que si ces quatre critères sont fixés par la loi, ils ne sont pas exhaustifs. En fonction des spécificités de chaque secteur et de chaque structure, des accords et conventions peuvent venir les compléter. Pour bien comprendre vos droits en tant que salarié et vous assurer qu’ils soient respectés, vous avez ainsi tout intérêt à vous renseigner quant aux normes applicables dans votre entreprise.
Vous pensez que votre licenciement économique ne respecte pas les critères établis, le périmètre légal d’application, ou est fondé sur des choix arbitraires ? Si vous jugez que votre licenciement est injuste ou discriminatoire, la loi vous offre des possibilités de recours pour faire valoir vos droits.
Pour ce faire :
Pour maximiser vos chances de succès, il pourrait également être judicieux de vous faire accompagner par un avocat spécialisé dans le droit du travail, qui saura constituer un dossier solide pour vous défendre devant les Prud'hommes.
S’il est établi que votre employeur n’a pas respecté les critères d’ordre en cas de licenciement collectif, il s’expose à des sanctions. Vous pouvez l’attaquer devant le Conseil de Prud’homme pour demander l’annulation de votre licenciement, votre réintégration ou des dommages et intérêts pour réparer le préjudice subi par la perte de votre emploi.
En plus de cela, il risque également de devoir payer une amende, qui s’élève à 3 750 € si votre entreprise est une personne morale (ce qui est le cas de la majorité des entreprises procédant à des licenciements économiques), ou à 750 € s’il est une personne physique.
Vivre un licenciement n’est jamais facile, mais paradoxalement, la fin de votre contrat de travail vous ouvre également la porte de nouvelles opportunités professionnelles. Si vous êtes touché par un licenciement économique, vous pourrez en effet profiter de dispositifs tels que le contrat de sécurisation professionnelle ou le congé de reclassement, qui vous offriront un accompagnement renforcé pour retrouver un emploi.
Parmi les mesures proposées, vous pourrez par exemple :
Chaque année, de nombreuses personnes profitent de ces dispositifs pour réfléchir à ce qu’elles veulent faire de leur vie et se réinventer. Pourquoi pas vous ? Commencez par identifier vos compétences transférables (comme la gestion de projets, la communication ou l’analyse de données), qui pourraient vous ouvrir les portes de métiers qui recherchent des profils en reconversion.
Parmi les secteurs qui recrutent, vous retrouverez notamment les métiers de l’informatique, de la tech, de la cybersécurité et de la data. Et si votre cœur penche pour l’un d’entre eux, sachez que chez Jedha, nous vous proposons des bootcamps reconnus et éligibles aux financements publics comme votre CPF ou les aides de France Travail. Conçues pour répondre aux besoins de ces secteurs, ces formations peuvent être suivies pendant votre CSP ou votre congé de reclassement. N’hésitez pas à consulter notre syllabus pour en savoir plus !
En tout cas, gardez à l’esprit qu’un licenciement économique n’est jamais une fin en soi. En mobilisant les ressources à votre disposition, vous pourriez même profiter de cette épreuve pour vous réinventer et (re)trouver votre voie professionnelle. Ne foncez pas tête baissée, et prenez le temps de réfléchir à vos envies et de vous former. Pour vous aider dans votre réflexion, nous avons également élaboré plusieurs contenus qui répondront aux différentes questions que vous pourriez vous poser lors de cette période de transition :
Bonne chance dans votre nouvelle aventure professionnelle !
Les critères d’ordre établis par la loi ou une convention collective s’appliquent de manière cumulative. Si tous doivent être pris en compte lors d’un licenciement économique, plusieurs facteurs peuvent faire varier leur pondération : votre convention collective, un accord d’entreprise, les négociations menées par vos représentants du personnel, ou encore une décision de votre employeur.
Le barème Macron fixe les montants minimum et maximum des indemnités prud’homales qu’un salarié peut toucher en cas de licenciement abusif. Ce barème dépend de l’ancienneté du salarié et de la taille de son entreprise.